"Mime = Mème"
Performance, 2023
de Garance Debert
avec Max Ricat et Mallaury Scala
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«Un mème est un élément ou un phénomène repris et décliné en masse sur Internet. Il prend souvent la forme d’une photo légendée, d’une vidéo, d’un gif animé ou d’un son. Le terme est une francisation de l’anglais « Internet meme ». Un meme, au sens général, est un élément culturel ou comportemental qui se transmet d’un individu à l’autre par imitation ou par d’autres moyens non génétiques.»
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«Un mime est un acteur qui joue le plus souvent des rôles muets, sans masque. Le mime est un genre théâtral dont les expressions principales sont l’attitude, la mimique et le geste. Il consiste à représenter un récit évocateur interprété par l’imaginaire du spectateur qui le reçoit. Dans la pantomime, sa forme narrative, le spectateur est conduit à ressentir les pensées et la vie intérieure de l’acteur.»
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« Mime = Mème » (Superficialité et Humilité en Danse) est une réflexion artistique sur la pratique du mime et son lien avec la création contemporaine. J’explore la notion de mimétisme, la superficialité du geste dansé et son potentiel de créer des mondes intérieurs entre l’artiste et le public. Je fais également référence aux mèmes comme une forme de communication et de lecture du monde, cherchant à mettre en avant un rapport nouveau à l’archive grâce à l’imitation et la réapropriation des gestes. Dans ce projet, trois interprètes observent attentivement les gestes d’un «maître», qu’il s’agisse d’un maître de danse ou de mime. Cette observation et l’imitation des gestes permettent de créer des espaces mentaux partagés avec le public, ainsi que des réalités virtuelles. Mon projet joue sur l’idée de parasiter la simplicité de l’interprétation en y apportant une dimension réflexive et humoristique. La démarche est à la fois exploratoire et artistique, mêlant des influences historiques du mime, des réflexions sur la communication contemporaine (à travers les mèmes) et des approches conceptuelles liées à la superficialité du geste.
Dans «Mime = Mème», notre équipe de trois performeurs explore l’idée de reproduction mimétique en utilisant des vidéos «tutoriels» de mime trouvées sur Youtube, ici celle du maître de mime Etienne Decroux qui s’était filmé dans les années 60. Avec humour, on questionne à la fois cette anachronie de support et de temporalité, et on s’amuse à déjouer un rapport hiérarchique de la masculinité et de l’écran. Ici le mime (qui est presque toujours une figure masculine) se perd dans nos corps, les performeurs eux en se perdant dans la tâche, incarnent des corps qui ne sont pas les leurs. On nomme cela «disembodiment», c’est une forme de désincarnation, une manière de faire vivre des fantômes dans nos gestes.
L’espace scénique est composé d’une «télévision fantôme», que nous observons avec fascination, ainsi que d’un banc et d’un damier au sol en référence à la couverture du livre “Paroles sur le Mime” d’Etienne Decroux. On utilise des codes désuets, des costumes et des décors tout droit sortis des images d’archive. Nous nous considérons comme des avatars qui, en imitant l’espace en 2D de l’écran, le rendent tridimensionnel, dévoilant ainsi une face cachée. L’espace scénique est volontairement décalé de trois quarts pour que le public regarde le plat de côté.
A travers cette démarche, on cherche l’exploration des espaces mentaux que les vides offrent. Nous utilisons ces vides pour accéder à la mémoire et faire vivre l’imaginaire à l’intérieur de ces espaces vides. Ceux-ci existent pour nous comme une réalité virtuelle, une réalité mentale entre les spectateurs et les performeur